Mercredi 4 mars, 20 h 15. Précédé d’un verre d’accueil à 19 h
M (documentaire – 2019 – 106’ – version originale sous-titrée français)
de Yolande Zauberman monté par Raphaël Lefèvre
Menahem, cantor israélien, revient à Bnei Brak, banlieue ultra-orthodoxe de Tel Aviv où il a été abusé dans son enfance par des membres de sa communauté. D’abord mû par un esprit de vengeance, il s’engage sur le chemin de la réconciliation en provoquant, lors d’incroyables rencontres, la parole — et le chant — des siens.
En suivant les pas de Menahem dans la nuit de Bnei Brak, Yolande Zauberman nous plonge dans un monde terrifiant peuplé de douleurs secrètes, de souvenirs enfouis, de traumatismes sans cesse fuis et rejoués. Pourtant, par la force de ces rencontres, par l’énergie vitale du protagoniste et de son amour de la musique et du chant, naît la magie d’un retour à la vie, à la joie de l’enfance, à la confiance et à l’amour retrouvé. Un film comme un conte moderne, sombre et terrifiant, qui affronte le mal sans détour, avec toute la force d’un adulte libéré et la malice d’un enfant souverain.
Jeudi 5 mars, 20 h
Soirée courts métrages
Dans la banlieue parisienne ou dans la campagne roumaine, à la frontière américano-mexicaine, en Inde ou dans le quartier de la Villeneuve à Grenoble, ces cinq films courts de fiction ou documentaires sont autant de regards singuliers sur le monde qui nous entoure. Africa (30’) de Naïm Ait Sidhoum, monté par Laurent Leveneur, Avant que je m’en aille (22’), de Julien Barazer, monté par Nobuo Coste, Across My Land (15’), de Fiona Godivier, monté par Giulia Rodino, Vaches sacrées (11’), de Delphine Benroubi, monté par Flore Guillet, Rue Garibaldi (25′) de Federico Francioni, monté par Giorgia Villa.
Vendredi 6 mars, 20 h
High Life (fiction – 2018 – 114’ – version originale anglaise sous-titrée français)
de Claire Denis monté par Guy Lecorne
avec Robert Pattinson, Juliette Binoche, André Benjamin, Mia Goth, Lars Eidinger
Un groupe de criminels condamnés à mort acceptent de commuer leur peine et de devenir les cobayes d’une mission spatiale en dehors du système solaire. Une mission hors normes…
Comme tout grand film spatial, High Life est une réflexion sur l’existence, ses limites et sa fragilité. Emportés dans un voyage vers nulle part, sans espoir, sans but, enfermés dans leur monde cellulaire et carcéral, les personnages expérimentent les limites d’une improbable vie en société où le temps, la mort et la filiation jouent un rôle central. Une œuvre audacieuse et tranchante où la grande forme de l’épopée spatiale épouse celle plus modeste d’un théâtre intime, centré sur l’observation patiente et attentive des corps, de leurs attitudes et de leurs gestes.
Samedi 7 mars, 14 h
Ici je vais pas mourir (documentaire – 2018 – 72’)
de Cécile Dumas et Edie Laconi monté par Charlotte Tourrès
Dans l’unique salle de consommation de drogues de Paris, des hommes et des femmes viennent trouver refuge pour un shoot à l’abri des regards et de la violence de la rue. « Ici », c’est ce lieu qui ne juge pas et qui protège, depuis lequel le film nous propose d’écouter leur parole.
Échappant aux pièges de leur sujet, Cécile Dumas et Edie Laconi nous livrent un film d’une grande humanité et d’une grande pudeur. Entre les murs de cet espace dérobé aux regards la parole s’élève, à la fois personnelle et collective, tissée de mille souvenirs et espoirs. Le regard patient et l’écoute bienveillante de la caméra et du montage relie entre eux les destins et les aspirations de chacun des protagonistes et dresse le portrait d’une humanité accrochée à ce qui la maintient en vie.
Samedi 7 mars, 16 h 30
Que l’amour (documentaire – 2019 – 79’)
de Lætitia Mikles monté par Emmanuelle Pencalet
C’est l’histoire d’un jeune homme, originaire d’Algérie, dont la vie bascule le jour où il entend une chanson de Jacques Brel. C’est l’histoire d’un coup de foudre salvateur qui ouvre le champ des possibles… Abdel Khellil a 25 ans, du talent, de l’humour, une ténacité folle et malgré son jeune âge, il a déjà eu mille vies. Le film aborde les multiples facettes de sa personnalité et de son histoire, par petites touches, porté par sa voix, en le suivant sur et hors de scène. Entre émerveillement et désillusion, Que l’amour pose inlassablement les questions de l’identité, de la transmission et de la nécessité de créer, coûte que coûte.
Reliant les mots d’Abdel, loueur de voiture le jour, chanteur de cabaret le soir, et ceux des chansons de Jacques Brel qu’il interprète sur scène, le film déploie à travers de multiples dispositifs inventifs et malicieux, le portrait d’un homme à la recherche de sa place. Il nous fait partager son regard sur le monde, toujours en décalage, curieux, inquiet, mais porté par une inusable volonté d’aller de l’avant, d’aller vers les autres, d’avoir quelque chose à leur offrir. De Jacques Brel à Abdel, le film tisse avec une grande douceur et beaucoup d’humour la vie extraordinaire d’un homme ordinaire.
Samedi 7 mars, 20 h
Heureux comme Lazzaro (fiction – 2018 – 126’ – version originale italienne sous-titrée français)
d’Alice Rohrwacher monté par Nelly Quettier
avec Adriano Tradioli, Alba Rohrwacher, Lucas Chikovani, Nicoletta Braschi, Sergi López
Lazzaro, un jeune paysan d’une grande bonté vit avec 54 autres personnes à l’Inviolata, un hameau resté à l’écart du monde sur lequel règne la marquise Alfonsina de Luna. La vie des paysans est inchangée depuis toujours, ils sont exploités, et à leur tour, ils abusent de la bonté de Lazzaro. Un été, il se lie d’amitié avec Tancredi, le fils de la marquise. Une amitié si nouvelle et si précieuse qu’elle lui fera traverser le temps et mènera Lazzaro au monde moderne.
Après Les Merveilles, Alice Rohrwacher poursuit son exploration d’une Italie archaïque, isolée, livrée à elle-même, où le temps semble s’être arrêté pour toujours. Là, nul autre échappatoire que la foi, l’amour, la folie, la débrouille. Au milieu des cris et des chants, des travaux journaliers, de la vie étouffante de la communauté, un jeune homme se lève et part à la découverte du monde. Une fable à la fois solaire et lunaire, d’une simplicité biblique et d’une grande richesse, filmée dans la grâce instantanée du 16 mm.
Dimanche 8 mars, 11 h
Jusqu’à ce que le jour se lève (documentaire – 2017 – 108’)
de Pierre Tonachella monté par Aurique Delannoy et Florence Chirié
Dans l’oubli et les marges de la lointaine périphérie des villes, Pierre, jeune chômeur, affronte sa solitude, cogite. Ses amis, tous employés du tertiaire ou intérimaires du bâtiment, partagent leurs semaines entre labeur et week-end de fête déchaînée. À leurs côtés, Théo, martèle des déchets de plastique et de ferraille en chantant. Tous arpentent ce même territoire de champs plats, là où les cris de joie arrachés au quotidien côtoient les signes annonciateurs de temps obscurs. Pour tenter de faire d’une fuite une évasion.
Quelque part en France, le ciel est gris et bas, la terre, brune et boueuse. Et les jeunes hommes, sans avenir, vont au jour le jour, d’espoir déçu en espoir déçu, d’un expédient à l’autre. C’est entre eux, dans la fraternité et la camaraderie, dans les excès de la fête, qu’ils retrouvent un peu de vie et de chaleur. Sans misérabilisme, mais avec la grâce simple de celui qui connaît et aime ce qu’il filme, Pierre Tonachella s’approche au plus près, dans le creux des visages et des paysages, dans l’écho de la parole libérée et des mots tus, de cette vie irréductible et fraternelle qui vibre sous l’écorce rêche de nos lendemains de défaite, de notre France aux horizons bouchés.
Dimanche 8 mars, 14 h 30
Ce film est projeté dans le cadre d’une carte blanche à nos collègues argentins de l’EDA
Delfin (fiction – 2018 – 87’ – version originale espagnole sous-titrée français)
de Gaspar Scheuer monté par Anabela Lattanzio
avec Valentino Catania, Cristian Salguero, Paula Reca, Marcelo Subiotto
La vie n’est pas facile pour Delfin, garçon de 11 ans qui vit seul avec son père à la périphérie boueuse d’une petite ville de la région de Buenos Aires. Mais avant tout, Delfin, qui a appris à jouer du cor français, veut intégrer l’orchestre d’enfants qui se forme dans la ville voisine. Il fera l’impossible pour participer à l’audition.
À travers l’histoire de Delfin, Gaspar Scheuer nous permet de découvrir une Argentine peu représentée au cinéma : loin de Buenos Aires, Los Toldos se situe à 300 Km de la capitale, entre campagne et petites villes. L’histoire est racontée en pointillés, on ne saura pas comment le jeune Delfin s’est retrouvé à vivre seul avec son père. Le spectateur est placé de son point de vue et le suit entre ses rêves et la réalité sociale. Comment fait-on pour avoir la tête dans les étoiles quand on travaille le matin dans une boulangerie avant de se rendre à l’école ? Quand la vie est partagée entre désir de mère, de musique, et réalité sociale difficile ? Le film nous invite à une réflexion à hauteur d’enfant sur l’inconnu qui reste à explorer.
Dimanche 8 mars, 18 h
Frost (fiction – 2018 – 120’ – version originale sous-titrée français)
de Sharunas Bartas monté par Dounia Sichov
avec Mantas Janciauskas, Lyja Maknaviciute, Vanessa Paradis, Andrzej Chyra, Weronika Rosati
Par le fruit du hasard, un couple de jeunes lituaniens conduisent un van d’aide humanitaire depuis la Lituanie jusqu’en Ukraine, en proie au conflit. Au fur et à mesure de leur voyage et au gré des rencontres, ils se découvrent l’un l’autre, alors que la ligne de front n’est pas loin.
Las et désœuvré, un couple part sur la route de la guerre. Pour aller y chercher quoi ? Un peu de frisson, une expérience, l’aventure, quelque chose qui les ferait se sentir vivants ? En chemin, ils rencontrent d’autres êtres en errance, échoués là, incertains, tandis qu’à l’horizon, la guerre se fait de plus en plus certaine et précise. Sharunas Bartas filme le périple de son jeune couple avec la netteté et l’implacable rigueur d’un destin écrit à l’avance, mais dont chaque étape, serait comme une possible échappée.
Lundi 9 mars, 20 h – AVANT-PREMIÈRE
Cyril contre Goliath (documentaire – 2019 – 86’)
de Thomas Bornot et Cyril Montana monté par Yannick Kergoat et Arthur Frainet
En clôture du festival, les Monteurs s’affichent vous proposent de découvrir Cyril contre Goliath, un documentaire engagé, produit avec de modestes moyens, qui sortira en salle le 22 avril 2020. Comme pour toutes les autres séances du festival, la projection du film sera suivie d’une rencontre avec ses monteurs, Yannick Kergoat et Arthur Frainet.
Cyril n’aurait jamais imaginé que le village de son enfance puisse, un jour, se faire privatiser par le milliardaire Pierre Cardin. Alors que rien ne le destinait à cela, il décide de s’engager contre cette OPA d’un genre nouveau et entame un véritable bras de fer avec le célèbre couturier. Cyril contre Goliath nous fait vivre cinq années de luttes mouvementées contre un monarque lointain, sûr de lui et du pouvoir qu’il tient de sa fortune.